RIAT - Fairford - UK
En ce lundi 21 juillet 2025, aux alentours de midi, nous rentrons du Royal International Air Tattoo (RIAT), qui célébrait sa 54e édition sur la base de la RAF à Fairford. Accompagné de Jean-Charles Jullien, pilote de chasse au 1/2 Cigogne. Nous survolons les falaises d’Eastbourne et mettons le cap sur Le Touquet, étape obligatoire pour les formalités douanières — Brexit oblige…



À 220 nœuds dans le cockpit exigu de notre Fouga Magister, je ne peux m’empêcher de penser à l’arrière-grand-père de mon épouse, Louis Blériot, qui, il y a 116 ans quasiment jour pour jour, se lançait dans l’incroyable traversée de la Manche. Aujourd’hui, cet exploit paraît presque anodin, même à bord de notre vieille carlingue de près de 60 ans. Quel chemin parcouru depuis les débuts de l’aviation ! Une aventure technique et humaine, porteuse de valeurs puissantes, forgées par une discipline aussi exigeante que passionnante.

Dans ces conditions de vol idéales, propices à la réflexion, je repasse en mémoire les temps forts de ces trois journées exceptionnelles à Fairford. Dès notre arrivée, les Anglais nous donnent une belle leçon d’organisation.

Tout commence par une séance photo en vol.
Le contrôle aérien de Fairford nous donne un vecteur pour intercepter… un Skyvan rose (oui, rose !), chargé de spotters impatients de nous "canarder" — avec leurs appareils photo, bien sûr ! Pour Jean-Charles, l’exercice est routinier, mais il nous faut surveiller la jauge à carburant, qui nous intime bientôt de rejoindre le terrain. Alignés sur la piste 30, nous survolons des hectares de tentes et de camping-cars, témoins de la popularité impressionnante de l’événement. Piste dégagée : les "marshalls" nous prennent aussitôt en charge et nous guident vers l’Apron Brown, où nous présenterons imperturbablement notre Fouga pendant trois jours, qu’il pleuve ou qu’il vente …



À peine descendus de l’avion, les équipes du RIAT nous prennent en charge pour les formalités d’accueil. Dans un grand hangar, un circuit en U est organisé avec une dizaine de stands tenus par des bénévoles chaleureux. Ils nous remettent tous les documents nécessaires : badges, hébergement, plans, horaires des navettes, météo… Rien n’est laissé au hasard. L’accueil est digne de VIP.

Nous découvrons alors le plus grand meeting d’aviation militaire au monde : près de 200 000 passionnés venus admirer plus de 200 avions de tous horizons. C’est tout simplement extraordinaire. Le JF-17C pakistanais côtoie les F-35 de l’US Air Force, l’A330 MRTT de la Royal Netherlands Air Force croise l’Antonov AN-74T de l’armée égyptienne. Le très bruyant U-2 attire tous les regards. Les démonstrations s’enchaînent à un rythme effréné : F-16, F-18, Eurofighter… Puis viennent les patrouilles acrobatiques : les Red Arrows ouvrent le bal, suivis par les Frecce Tricolori. Quel spectacle !



Mais notre mission est aussi de représenter l’APPAF (Association pour la Préservation du Patrimoine Aéronautique Français) et son Fouga Magister F-AZZP. Grâce au soutien d’Airbus et du RIAT, nous avons pu rejoindre ce rassemblement mythique et faire découvrir notre avion à un public britannique curieux. Nombreux sont ceux qui ne connaissaient pas ce bel oiseau au fameux empennage en V. L’un d’eux me lance : « This is not a plane, this is Art ! » Voilà qui nous donne de l’énergie pour toute la semaine. Nous enchaînons les visites du cockpit pour tous les enfants de 7 à 77 ans.

Malgré l’enthousiasme, la fatigue finit par se faire sentir, et la journée s’achève autour du bar des aviateurs. La bière "Moonlight" coule à flot, et les anecdotes fusent entre pilotes. Nous retrouvons avec plaisir les deux autres équipages français : celui de l’AWACS d’Avord et celui de l’Atlantic 2 de Landivisiau. Tous aussi fiers que nous de représenter la France dans ce grand show international.

Un immense merci aux centaines de bénévoles du RIAT pour leur accueil chaleureux et leur engagement sans faille. Le RIAT 2025 restera dans les mémoires comme une réussite éclatante, battant tous les records de fréquentation. C’est une célébration de l’enthousiasme, du courage, et une reconnaissance de l’apport immense de l’aviation à notre monde. C’est aussi un encouragement à continuer d’innover et de rêver.
Enfin, merci à Airbus pour leur confiance et leur soutien indéfectible envers l’équipe de l’APPAF.